Bienvenue sur le blog du Ryu Seki Kaï - Aiki Dojo.

vendredi 10 juin 2011

Une discipline de faire

Shiken – L’examen
L’examen est l’occasion pour l’élève que je suis de récapituler ses connaissances sous l’œil de son maître. Si la technique est mise à l’épreuve sur le tatami, il reste à l’examiné à revenir sur les acquis théoriques qui jalonnèrent son parcours. Ainsi, voici une réflexion personnelle sur quelques-uns des principes calligraphiés par Pascal Krieger dans son livre Ten-Jin-Chi, qui se sont fortement ancrés en moi à travers le temps, faisant écho aux découvertes, émotions et difficultés rencontrées lors de ma pratique.

Même un voyage de mille lieues commence sous tes pieds
Tout comme la marche, l’Aïkido est une succession de pas, posés les uns après les autres. Les étapes doivent être respectées car le premier pas est nécessaire au second pour ne pas trébucher. Il incombe donc au pratiquant de se discipliner sur ce qu’il fait, « ici et maintenant », sans trop se soucier de là où il va. Cependant, il ne s’agit pas de se laisser détourner du chemin que l’on s’est choisi. Car, si au départ nous sommes heureux d’avancer sur ce beau chemin, avec le temps il nous arrive de ressentir de la fatigue car la pente devient plus raide et parfois le courage nous manque pour avancer. Alors, nous voyons de nombreuses routes qui bifurquent de chaque côté de notre chemin. Elles sont plates et faciles d’accès. Pourtant les emprunter c’est renoncer au but fixé. Ce n’est pas tant l’idée de changer d’objectif qui est dangereuse mais bien celle de se laisser aller à la facilité de renoncer encore et encore, de marcher sans jamais progresser.

Nyû-Nan-Shin – L’esprit souple

Retrouver l’esprit du débutant est sans doute l’une des leçons que j’ai le plus souvent entendue lors de stages avec Chiba sensei. Plus le temps et l’expérience avancent, plus cette question devient pertinente. Le débutant ne sait pas, son esprit n’est donc pas bloqué par des problèmes d’ordre technique : « quel pied en avant déjà ?….ah non, mince pas comme ça….pourtant je le savais… ». Son esprit est vierge et tente simplement d’absorber au mieux les techniques démontrées par son maître, il ne se compare que peu aux autres et ne juge pas. Il nous faut toujours chercher à retrouver cette candeur qui libère l’esprit et nous fait apprécier les choses telles qu’elles sont et non pas telles qu’elles devraient être. Chiba sensei compare la curiosité et la motivation apportées par cet état, à celles que l’on ressent lorsque l’on tombe amoureux pour la première fois. Cette perspective devrait convaincre les pratiquants les plus satisfaits de revenir au stade du petit enfant, jamais rassasié de questions, ni de réponses.

Tanren – La forge de l’esprit
Pratiquer un art martial tel que l’Aïkido n’est pas une chose évidente. En effet, il s’agît de transformer son corps et son esprit toujours liés comme l’on transforme un morceau d’acier brut en un sabre poli et tranchant. Le forgeron commence par faire fondre l’acier afin de le débarrasser de toutes impuretés. Il lui faut ensuite le plier en couches successives afin d’obtenir la dureté souhaitée. Ces deux premières étapes, précédant le trempage et le polissage, illustrent à elles-seules la situation : je suis l’acier, mon maître est le forgeron tenant pince et marteau. Afin que les techniques s’intègrent dans notre corps nous avons besoin de les mettre au feu, chute après chute. Cela se fait dans l’effort et la répétition : « dans le sang la sueur et les larmes » telle est devenue ma maxime favorite pour affronter les coups durs depuis des années. Nous sommes ici dans le stade du métal dont parle Chiba sensei. Viennent ensuite l’eau (de la trempe) et le vent (du polissage) que je ne souhaite pas aborder ici car je suis encore posé sur l’enclume et comme nous l’avons vu, il ne faut faire qu’un pas à la fois.

Ces trois préceptes me semblent être une bonne base pour construire et entretenir, de nombreuses années durant, une discipline de faire – de l’Aïkido.

Florent Liardet

samedi 30 avril 2011

Rapport du Stage de Bagnols-Sur-Cèze du 22 au 25 avril 2011

A notre arrivée au Dojo du Ryu Seki Kaï à 10 h 15, notre premier « défi » nous attendait au parking. En effet, il nous a fallu commencer à remplir la «brave» petite voiture de notre très cher Sempaï Florent. Après deux longues heures de route, entassés parmi les innombrables sacs d'armes, nous avons fait une halte dans un petit restaurant d'autoroute pour nous préparer aux trois prochaines longues heures qui nous attendaient.

Enfin arrivé au Dai Jyo Kan Aikidojo, nous fîmes la connaissance de Sandrine la femme de Patrick Barthelemy Sensei. Nous avons ensuite été visiter la ville et boire un rafraichissement sur une terrasse. Après cela, Catherine eut le courage de participer au cours pour adolescents donné par Patrick Barthelemy alors que nous observions très attentivement. Tristan a ressenti une présence captivante chez le Sensei tandis que Catherine a particulièrement aimé découvrir quelques jeux ludiques d'aïkido et de s'habituer aux tatamis très glissants! Plus tard dans la journée, nous avons « investi » le petit dojo de nos sacs de couchages. Vers 22h au plus grand plaisir de Florent, l'heure du souper est enfin arrivée!

Le lendemain, nous avons eu la chance de rencontrer Roberto Arnulfo Senseï qui nous a donné un cours d'aïkido très intéressant. Patrick Barthelemy a souligné le fait que Chiba Senseï a reconnu Roberto Senseï comme étant un modèle d'aïkido en France.

Le dimanche matin, l'heure fatidique est arrivée, c'est à dire ; LE ZAZEN !

Après une demi-heure de Zazen, nous avons enchainé avec le Iaido. Et après une heure de ''supplice'' nous avons eu un petit déjeuner convivial. Nous avons ensuite pratiqué Jyo et Bokken. En début d'après midi, nous avons préparé 27 cibles pour le Tameshigiri. Plus tard, après un petit échauffement sur diverses coupes nous avons enfin pu commencer les choses sérieuses.
Nous devons bien admettre que nos coupes étaient bien plus laborieuses cette fois-ci que lors de notre premier Tameshigiri. Nous avons également pu remarquer que les Katana étaient bien solides du fait que quelques personnes aient touché le sol en coupant (heureusement, pas nous...) sous les yeux horrifiés et décomposés de Noberto Chiesa Sensei qui nous a quand même fait remarqué que nous détenions entre les mains un objet d'une valeur de plus de 3000 euros. A la fin du Tameshigiri, Patrick Barthelemy nous a convié à nous ''relaxer'' en faisant trente Ikkyo chacun en Suwari Waza et d'autres techniques diverses. Quelle relaxation!

Le lundi matin, alors que nos genoux étaient à peine remis de leur '' émotions '' nous avons dû nous remettre à ce fameux Zazen. Dans la matinée, nous avons ensuite répété les diverses techniques apprises les jours précédents. Durant le dernier cours, nous avons pu apprendre une technique impressionnante de jyo. Vers midi, la fin du stage, l'heure de la fin est déjà arrivée. Nous avons donc mangé notre dernier repas là-bas et vers 14h30 nous avons salué tous nos nouveaux camarades d'aïkido avant de reprendre 5 heures de route en direction de la Suisse.

En conclusion, nous avons trouvé les gens très accueillants et vraiment sympathiques. La nourriture que l'on nous a servie y a été excellente et nous y avons mangé à notre faim. Nous remercions tous les Senseï : Patrick Barthelemy, Norberto Chiesa, Roberto Arnulfo ainsi que Fabrice Mahieux de tout ce qu'ils nous ont apportés et conseillons vivement ce stage à quiconque voudrait passer de bons moments tout en apprenant un tas de choses sur l'aïkido.

Catherine Vaglica, Monica Rodrigues, Tristan Lehmann

Toutes les photos du stages sont disponnibles à l'adresse http://www.aikido-bagnols.fr/page24aa.html

Photos stage Shihankai

Vous trouverez sur notre page facebook une petite sélection de photos du stage du Shihankai qui se déroula du 18 au 20 mars 2011 au Ann Jyou Kan Aikidojo à Paris.

Organisé sous la direction d’Anne Ducouret Sensei, ce stage s’est déroulé de manière extrêmement bien rodée. La petite délégation du Ryu Seki Kai qui s’y rendit est repartie pleine de gratitude envers les Sensei pour la grande qualité de leur enseignement ainsi que pour la franchise du travail fourni par l’ensemble des pratiquants. Il y a également été annoncé que l’année prochaine, le « stage enseignants » se déroulera en Allemagne organisé par Alexander Broll Sensei et ses élèves dans un centre sportif, avec piscine ! ABE.

L’ensemble des photos est à voir sur http://birankai.eu/teacherSeminar2011/


samedi 2 avril 2011

Nettoyage

Savoir déplacer ce qui gêne le nettoyage et savoir le remettre en place est un acte simple qui éduque l'attention. Décider de ce qu'il faut jeter ou de ce qu'il faut conserver éduque l'esprit de décision.
Passer la serpillière sur le plancher constitue un excellent exercice des jambes et des hanches. Même si un endroit paraît propre, il suffit d’y ­passer un chiffon humide pour se convaincre du contraire. En renouvelant l'eau, en lavant les chiffons du nettoyage et en nettoyant sol, on éprouve le sentiment de rafraîchir son propre esprit.

Mais pour tremper les mains dans l'eau glacée les matins d'hivers, il faut du courage: vaincre l'esprit de laisser-aller est une partie intégrante de la pratique.

Quand les bokuto, jo, sandales, etc. sont en place, l'aspect des choses est plaisant à l' œil et elles sont faciles à utiliser. Il ne s'agit pas seulement de satisfaire à la conscience esthétique, c'est aussi une éducation naturelle qui mène à reconnaître l'importance de la préparation. Le temps consacré à l'entraînement est limité. Les courts instants qui le précèdent et qui le suivent sont brefs. Il faut donc en déterminer la meilleure utilisation possible pour faire le ménage, ce qui constitue un bon entraînement à la prévoyance et à l'organisation. Décider de commencer ici pour continuer là et terminer là-bas exerce le jugement et l'esprit de décision. Le nettoyage ne vise pas seulement à purifier l'extérieur. La purification de son propre être en est la conséquence. Ce qui explique qu'il soit nécessaire de nettoyer encore et sans cesse les lieux qui semblent propres.

J'aimerais que vous méditiez cette pensée d'O-Sensei:
« L'aïkido est le nettoyage du corps. Il faut éliminer les poussières et les impuretés du corps et de l'âme. »


Si vous entrez dans un dojo bien nettoyé, propre et astiqué, le cœur se trouve immédiatement conforté. Je crois bon que la pratique quotidienne du corps et de l'esprit se manifeste ainsi. Pour bien faire, chacun devrait, avant et après l’exercice, nettoyer complètement le dojo de sa propre volonté. Le nettoyage permet de mettre les choses en place, de les classer et de les ranger.

De plus, le nettoyage est une aussi bonne pratique sur le plan mental que sur le plan physique. Quand j'étais uchi-deshi, nous nous joignions aux autres pratiquants pour nettoyer ensemble non seulement  le Dojo mais encore l'entrée, les couloirs, les toilettes, les vestiaires, le dortoir des uchi-deschi et la rue devant le Dojo.

Le nettoyage enseigne beaucoup. Pour prendre la seule utilisation du balai, il faut tenir le manche avec légèreté et faire passer le ki jusqu'aux poils de la brosse, l'utiliser avec agilité, légèreté et force. Le principe est le même que pour le sabre ou le bâton. C'est un exercice qui permet, en balayant tous les recoins, d'appendre à voir jusqu'aux aspects cachés des choses.

Maître Nobuyoshi Tamura
"Aïkido : étiquette et transmission
Budo Edition, 2008

dimanche 27 mars 2011

Petite rétrospective stages d’été

Quelques images en souvenir des camps d’été qui se sont déroulés de 2007 à 2010 à Wroclaw.





L’ensemble des photos est visible sur la page facebook du Ryu Seki Kai.

samedi 26 mars 2011

Glisser… vers la perfection ?

Comme heureusement à notre époque, dans nos contrées civilisées, les duels et les champs de batailles sont rares, ce n’est que dans les actes banals du quotidien que je peux mesurer l’impact de ma pratique de l’Aïkido. C’est donc une situation hivernale courante que je relate dans ce texte pondu à l’occasion du passage de mon Shodan.

Glisser… vers la perfection ? Mais d’abord glisser … sur une belle plaque de verglas. C’est l’expérience que j’ai eu l’occasion de concrétiser l’hiver passé.
Devant mon garage, une magnifique plaque de verglas m’a permis de me retrouver en état réel de chute arrière, situation immédiate et irrémédiable. Au  moment où je me suis senti « en l’air », avec aucune possibilité de rattrapage, comme j’ai déjà eu l’occasion de le vivre à une ou deux reprises, le temps s’est démultiplié. Les secondes devenues plus longues, m’ont permis de penser à une foule de chose avant de retomber. La pensée principale a été que la chute était inévitable. Ensuite, devant cette évidence, que je devais accepter cette chute.
Dès ce moment j’ai vraiment laissé aller, voir même je crois, projeté mon corps comme si je me jetais en arrière sur mon lit ou dans un profond fauteuil. Ceci en toute décontraction et en toute sérénité.
C’était tout autre chose après l’atterrissage… Une douleur forte sur toute la surface de l’avant-bras droit (brise-chute ?), un léger « goût de violence » dans la bouche et un traumatisme ressenti dans tout mon être. La surface de la glace était vraiment très dure et la chute aussi. Par contre, pas d’autre douleur localisée, ni de séquelles physiques. Ce n’est cependant que le lendemain matin, après une nuit de sommeil, que je me suis senti vraiment remis. En me relevant après ma chute, j’ai vu ma femme debout à côté du garage, hilare. Et au moment où j’écris ces lignes, je crois qu’elle n’a toujours pas cessé de rire.
Elle m’a dit que c’était une chute extraordinaire, « comme à l’Aïkido » !
En y réfléchissant, je me suis remémoré quelques autres gestes quotidiens, acquis dans mon corps, sans intervention de l’esprit qui viendrait ralentir le processus, comme par exemple, sans y penser, sans effort et sans brusque réflexe, rattraper un objet qui tombe en l’accompagnant et le saisissant dans sa chute. Je ressens aussi une sensation de mon environnement, peut-être pas plus pointue qu’avant, mais plus sereine, plus en phase avec la réalité telle qu’elle est, au lieu de la rêver telle que je la voudrais. Egalement de plus en plus fort, le sentiment que seul compte le moment présent.
A ce stade, ce ne sont effectivement que des sensations vagues, mais qui me donnent envie de continuer l’Aïkido pour voir où cela peut me mener, quel apport physique ou psychique cet art martial peut encore me procurer.
Continuer à pratiquer aussi pour, plus simplement peut-être, sur n’importe quel genre de prochaine plaque de verglas, ne plus glisser…



 André Perret