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vendredi 31 octobre 2014

TEN JIN CHI - Ou une approche calligraphique du Budô

J'ai choisi le thème Ten Jin Chi (ciel – homme – terre) comme une progression partant de la terre (base et technique) pour évoluer vers l’homme (émotion, sensibilité) pour aboutir au ciel (spiritualité).

Les idéogrammes ont cette merveilleuse richesse de représenter des idées dont l'interprétation évolue avec le vécu de celui qui les sollicite.

En Budô, cette progression est très évidente. Le débutant doit préparer son corps physiquement d'abord afin de pouvoir exécuter les techniques requises par son art, c'est le stade Chi. Une fois les barrières physiques et techniques surmontées, le pratiquant peux laisser libre cours à son imagination et à sa créativité et goûter à une certaine liberté.

Les techniques deviennent plus fluides et intenses, le contrôle des émotions devient alors primordial. C'est le stade Jin. si les deux stades précédents se déroulent généralement comme je vous les ai décris, l'ultime stade n'est pas garanti. On a vu, dans le Budô classique et moderne, des champions du monde ou des pratiquants hors du commun parcourir les deux premiers stades avec brio, et échouer lamentablement dans le troisième, sans avoir apparemment tiré un minimum d'enseignement de l'art qu'ils ou elles ont pratiqué.

Et pourtant, les deux premiers stades contiennent tous les ingrédients nécessaires pour amener le pratiquant un stade spirituel plus élevé. Que se passe-t-il entre le deuxième et le troisième stade ? Je n'ai pas de réponse encore, je cherche toujours. Mais on peut penser que les deux premiers stades sont proches de l'univers connu de l'homme alors que le troisième stade ne se décline pas selon les critères concrets des stades Chi et Jin. []

J'ai symbolisé l'aspect Chi par le style Kaisho (l'écriture script) car on y retrouve le même rythme, ce dernier devenant plus fluide dans le stade Jin que j'ai illustré avec le style Gyôsho. C'est bien sûr par le style Sôsho (herbe) que j'ai symbolisé le stade Ten dont les mouvements minimalistes s’apparentent si bien avec le style éthéré de cette écriture « divine ». []

Chi - Terre
Comme dans tout, c’est par les bases qu'il faut commencer. En calligraphie, le style Kaisho (écriture par degré) nous renvoie à nos premières lignes d'écriture scolaire dans laquelle chaque lettre est tracée séparément avec soin. En Shodô, il s'agit du style dans lequel chaque trait est tracé séparément. La recherche dans le dictionnaire, par nombre de traits, est basée sur ce style. Le Kaisho permet d'aborder chaque idéogramme avec précision. Le trait est décidé, fort, anguleux, extrêmement précis et travaillé. Les critères de proportion et d'équilibre sont déjà indispensables. []

Jin – Humain
Dans le Budô comme dans la calligraphie une fois les bases techniques acquises « l'émotion » peut intervenir. Ce n'est pas que cette dernière était absente auparavant, mais les hésitations techniques lui laissaient peu de place. Il y a cependant une différence entre le Budô et le Shodô. Dans le premier cas, l'aspect mécanique du premier stade doit évoluer vers la fluidité ; alors que dans le deuxième cas, le style Kaisho est un style à part entière, avec sa propre perfection à atteindre. Toutefois, le Gyôsho émane du Kaisho, passage obligé pour bien comprendre la construction du caractère. J'ai donc fait suivre aux styles de calligraphie la même promesse de progression qu'en Budô car le rythme du Gyôsho, ses pleins et ses déliés, ses différences de pression font, d'une façon évidente, plus appel au sentiment artistique, donc émotionnel, du calligraphe. []

Ten – Ciel
Si l'on veut continuer le parallèle avec notre écriture, le Sôsho (style herbe) s’apparenterait à nos signatures : cette écriture qui sort du ventre. Observer quelqu'un qui signe, il change sa position est écrit avec tout le corps. Dans la calligraphie, le style frappe par son épuration extrême, sa simplicité, sa concision. La lisibilité n'est plus une priorité (comme dans nos signatures) c'est l'expression de soi dans la recherche abstraite du trait qui contient tous les autres. Tracé aérien, tout en touches légères, le Sôsho est l'écriture des dieux, l'aboutissement de la technique et de l'émotion dans une calligraphie simple et abstraite. []

A l'âge de 60 ans, si je pense comprendre l'essentiel de Chi et Jin, beaucoup de choses m'échappent encore en ce qui concerne l'aspect spirituel de la Voie. Il me reste d'importants examens de vie à faire, le face-à-face avec la mort n’en étant pas le moindre. []

Les parallèles que j'ai voulu tirer entre le Budô et la calligraphie sont, ici encore, criants de vérité. Le style herbe (Sôsho) me pose encore autant de problèmes que les principes de ce dernier chapitre. Sans un modèle devant moi, je me sens perdu. Ce n'est pas de la fausse modestie, la preuve en est que j'ai préféré demander à mon maître de calligraphie (Saito Sensei), des modèles pour ce troisième chapitre. Je les ai longuement travaillés pour leur donner une touche personnelle sans trop dévier des magnifiques lignes que j'avais sous les yeux.

J'ai donc tenu à ce que ce troisième chapitre, aussi amateur qu'il puisse paraître, vous dévoile ses merveilleux principes et que vous essayiez, avec moi, avant moi peut-être, de les faire vôtres.

Pascal Krieger
Ten Jin Chi

Genève, avril 2005


Ten Jin Chi
Calligraphie par Pascal Krieger

Conférence - Stage du 18 octobre 2014, Saillon







C’est une première pour moi, le premier stage au sein de l’école Ryu Seki Kaï Aiki Dojo.
Je suis heureux d’avoir pu faire plus ample connaissance avec les participants présents au Dojo.

Un co-voiturage est organisé pour le départ dans ces contrées lointaines et hospitalières que sont le Vâllé. Tu vois comment ?

On n’aurait pas pu rêver mieux comme début de journée… car une tempête de ciel bleu nous a littéralement attaqué, scotché les zygomatiques à la verticale.

La longue route du pays de Vaud pour le Vâllé, tu vois comment ?... a été harassante pour nos muscles durant ce voyage extrêmement sympathique, cela nous à forcé à quelques heures de récupération thérapeutique aux bains thermaux de Saillon.

Devoir se retrouver en maillot de bain dans une rivière thermale à faire de l’apnée un 18 octobre, au milieu d’un cirque de montagnes avec ce magnifique paysage ensoleillé, c’est vraiment pas facile.
(Encore les zygomatiques).

D’autant plus quand tu te fais piquer ton linge par une jeune grand-maman qui a oublié de remettre ses lunettes avant de prendre le précieux tissu.
Rhhhââ ! Comment faire pour récupérer l’étoffe du héros, alors que dans le sauna mère-grand transpire dessus.
Autant d’aventures ne laissent pas un homme indifférent. Cela creuse.

Allan et moi-même retrouvons Daniel Brunner Shihan ainsi que les autres participants : André Perretten, Florent Liardet, Floyd, André Perret et son épouse Yvette,  à table pour un repas plein de bonne humeur avant le stage et la conférence  de Daniel Senseï.

Une fois celui-ci terminé, nous partons en direction du magnifique dojo d’un style traditionnel au milieu des montagnes et des champs de cultures maraichères.

Un accueil chaleureux nous attend, c’est après avoir fait connaissance des membres du dojo que le cours peut commencer.

Tous les élèves sont ravis de cet échange, l’énergie positive est perceptible sur les tatamis.
L’enseignement de Iaïdo donné par Daniel Brunner Shihan a été riche d’apprentissages.

La même concentration d’écoute, la même passion des participants pour la conférence sur la fabrication des sabres japonais par le Sensei, transmettant ainsi les différents processus de fabrication, le choix du minerai, la fabrication du four, de l'acier Tamahagane, le forgeage des lames, le style des différentes écoles de forgerons, le polissage ; la perfection du travail japonais.

C’est avec respect que les élèves manipulent ces lames antiques qui ont vu quelques batailles, qui ont su résister au temps pour arriver jusqu’à nous.

 Ces lames anciennes… tu vois comment ?  Ne sont pas faites pour la raclette. Nous avons donc posé les armes pour lever le verre de l’amitié et commencer le repas.

Merci à tous ceux qui ont participé à l’organisation de cette journée particulièrement réussie.

Je me réjouis des prochains enseignements en votre compagnie.

Meilleurs messages.

Stéphane Turin